#03 Bernard Herbecq créer – construire – habiter
Scénographie
Un totem en bois signale un passage. Travailler la matière et exprimer la valeur constructive, tels sont les principes déployés par Bernard Herbecq pour cette scénographie qui se distingue fondamentalement des éditions précédentes. Les grands panneaux en carton se succèdent et racontent une histoire non pas par le vide mais par une sorte de boulimie de parcours. « Je veux que les visiteurs picorent… Qu’importent s’ils ne voient pas tout. Qu’importe si le détail se perd dans le détail. Qui suis-je pour imposer mon chemin ? »
Œuvre choisie
Choisir une œuvre dans les collections de l’Université de Liège est ce qui m’a été demandé. D’évidence, c’est au sein de la section des Arts africains que mon choix s’est établi. Hiératisme, mystère, introversion-intériorité, structure et « audaces » formelles sont autant de paramètres qui m’ont depuis longtemps interpellés et fascinés dans les arts premiers. Diverses métaphores, conscientes ou non, de ceux-ci se retrouvent dans mon travail bâti et peut-être davantage dans celui de la construction des meubles. L’expo et les écrits de François Gena sont là pour en témoigner. Ces créations, je les découvre en 1965, lors d’une expo au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, au travers de la collection du musée ethnographique d’Anvers.
Ensuite, Michel Boulanger, au travers de ses acquisitions m’a fait partager son questionnement et son « amour », « je les aime ». Le masque Ngbaka aurait dû retenir « mes faveurs »… Le masque Ngbaka possède des similitudes formelles avec le masque Lega, inséré dans la publication. Visage en « cœur », axialité volontaire, yeux mi-clos, blancheur du kaolin… grande intériorité. Eh bien non… mon choix s’est porté sur un bouclier, ethnie Poto, « objet » d’usage, « objet » du quotidien, comme le sont les meubles. D’une hauteur de 143 cm, en vannerie et possédant une poignée en bois, sur la face arrière. Dans les deux cas, la fonction usuelle est bien présente et est à la fois « support » à une attitude créatrice. Ainsi, pour le bouclier, sa facture, le tressage de la vannerie, le travail en « cordon » sur son périmètre… celui aussi de la poignée en bois… (traces de la taille, de l’outil), l’intervention de la couleur (rouge, noir, blanc), les motifs géométriques privilégiant triangles et chevrons. Les faces… Il n’y en a pas une qui serait destinée à être vue et l’autre « cachée »… face avant et face arrière bénéficient d’une même investigation, tout en étant évidemment différenciées. En fait ce bouclier, au-delà d’être un « produit », témoigne d’un positionnement de l’Être qui devait, très probablement, se manifester au travers des « Actions » de la vie et d’envisager celle-ci comme un « grand tout »… aux antipodes de nos valeurs occidentales. D’ici nous sommes ! Alors pourquoi ne pas conclure avec un « jeu-gagnant », rite bien trempé dans l’esprit de notre temps.
Bon, on y va ! Si vous relevez cinq « connivences » entre ce bouclier Poto et la production, ici présentée, le GAR vous offre un tee-shirt, avec l’impression des deux faces de ce dit bouclier.
– Bernard Herbecq, septembre 2018
Bouclier Poto, République démocratique du Congo, fin XIXe – début XXe siècle, Fibres végétales et bois, Musée Wittert ULiège (Legs Charles Firket, 1929)
Vernissage
L’inauguration d’Archidoc 03, le vendredi 12 octobre 2018, a été l’occasion de mesurer à nouveau le succès d’un projet qui compte désormais un public fidèle. La prestigieuse Salle académique de l’ULiège était remplie pour la projection en avant-première du film de Christopher Bouts et Manuela Simonne. Suivi d’un dialogue-rencontre entre Benrard Herbecq et François Gena, l’événement s’est poursuivi par le vernissage de l’exposition au Musée Wittert où environ 500 personnes s’étaient données rendez-vous.
Photographies Jean-Michel Bourdoux
Pour ne pas apparaître sur ces photos, merci de contacter le GAR (gar.asbl@uliege.be)