#08 Léon Wuidar et l’architecture
Peintre, Léon Wuidar s’intéresse très tôt à l’architecture. Dans sa jeunesse, il découvre le travail d’Henry van de Velde, qu’il considère comme « un modèle », et au début des années 1950, il est fasciné par La Poste de Gaston Eysselinck, alors en pleine construction à Ostende. Il serait tentant de relier cette curiosité naturelle pour l’univers urbain et l’architecture des villes à sa production picturale et de chercher dans sa peinture des motifs, des lignes ou des recherches spatiales résonnant avec la question architecturale. Ce n’est pourtant pas aussi simple que cela. Lorsque l’artiste s’engage, au début des années 1960, dans la voie de l’abstraction, il opte certes pour la géométrie et la clarté des formes. Mais si ses compositions, logiques et rationnelles, se structurent autour d’éléments « construits », la peinture de Léon Wuidar ne s’inscrit pas pleinement dans la tradition de l’art concret ou de l’abstraction géométrique et ne peut être décrite en des termes puisés dans le seul vocabulaire de l’architecture. Comme l’écrit Denis Gielen, « il est possible de reconnaître dans nombre de tableaux, dépourvus à première vue de figuration, les signes de choses concrètes : la cime d’un sapin, un nez de clown, les lettres d’un mot ». Et de fait, l’œuvre de Léon Wuidar est peuplée de signes, de symboles, de lettres et de motifs reconnaissables. Ne se laissant enfermer ni dans le critère strict de l’abstraction, ni dans celui de la figuration, sa peinture surprend aussi par le mélange de rigueur et d’humour qui y règne, par cette connexion inattendue entre une recherche constante de l’épure formelle et le besoin qu’il éprouve de nous raconter une histoire.
Julie Bawin, 2024.